La mulquinerie est l'activité du tissage et du commerce de toiles fines composées exclusivement de lin. Le mulquinier est l'artisan tisserand et le marchand de toiles.
Louis GRAVES* citait en 1832 « Depuis le XIème siècle le Quesnel-Aubry possédait des tissages de toiles fines de lin, connues sous le nom de demi-hollande ou toiles de Bulles » (La ville de Bulles était le centre régional de cette industrie).
Une grande partie de la population du Quesnel et des communes avoisinantes vivait de ce travail.
La culture du lin se pratiquait dès le XIème siècle dans la vallée de la Brèche qui présentait depuis Bulles jusqu’à Etouy des terres propres à cette culture.
L’appellation « toile de demi-hollande » vient de ce que les toiles fabriquées à Bulles et dans sa région étaient plus petites que celles fabriquées aux Pays-Bas.
Les linières de la Brèche furent détruites en 1636 par les Espagnols conduits par Jean de Werth lors de l’invasion de la Picardie. Les inondations de 1711, l’augmentation du nombre de tisserands et l’évolution du marché ont expliqué sa disparition.
Dès lors, le lin fut importé des Flandres, une grande partie de la population féminine de notre région le convertissait en fil.
A la suite des inondations de 1711, M. de Méliand intendant de la généralité de Soissons fit élever en 1734 la grande digue qui existait encore en 1832, depuis Essuilet jusqu’à Wariville (Litz). Ceci rendit à cette industrie un nouvel essor confirmé par des lettres patentes de 1780 qui aidèrent la mulquinerie à se rétablir de la situation désastreuse dans laquelle elle se trouvait.
Aujourd’hui encore, on peut trouver dans certaines maisons de notre commune qui ont survécu à cette époque, de magnifiques caves creusées dans la craie que l’on nomme « cave à lait ou cave à lin ». C’est là en effet que la paysanne venait travailler à la lumière de sa chandelle. On peut même trouver parfois dans ces caves l’emplacement de la bougie (la niche) et aussi le recoin que formait creusé dans la craie l’extrémité du métier.
Les toiles de lin étaient fabriquées sur ces métiers de manière à ce que les fenêtres soient au niveau de la rue dans des caves humides pratiquées sous les maisons. Ces caves étaient fort insalubres, étroites, mal aérées et contenaient ordinairement un seul voir deux métiers.
Cette activité fut ralentie par les guerres de la Révolution, puis à partir de 1814 par l’extrême abondance des calicots qui porta à la mulquinerie un dommage dont elle n’a pas pu se relever.
En 1830 au Quesnel-Aubry, le tissage du lin fournissait par an 580 à 600 pièces de 16 aunes (l’aune mesurait 1,188 m) et le salaire des ouvriers était de 0,75 à 1 franc par jour.
* Louis GRAVES - 1791/1857, né à Bordeaux, géologue, botaniste, archéologue et ethnologue Français. Directeur de cabinet du Préfet de l'Oise, puis Directeur Général des eaux et forêts.